Reporting extra-financier : où en est-on en 2022 ?

Le 22 septembre 2022 |
Le reporting extra-financier s’apprête à entrer dans une nouvelle ère. Si les déclarations de performance extra-financière (DPEF) relatives à l’année 2021 n’ont pas beaucoup évolué par rapport à celles de 2020, les réglementations européennes en faveur de la durabilité et les échéances quasi-simultanées se multiplient et arrivent à grands pas. Cette transition vers un niveau de reporting extra-financier résolument plus complexe ne pourra être indolore, y compris pour les entreprises les plus matures en matière de RSE.

L’enjeu climat et biodiversité : des feuilles de route encore floues

En matière de prise en compte de l’enjeu climat et biodiversité, les efforts se sont poursuivis en 2021 sans qu’une nette évolution n’ait été observée. Alors que engagements pris et actions menées en faveur du climat sont globalement stables, la préservation de la biodiversité semble encore être une préoccupation de second plan alors même que le législateur a clairement annoncé vouloir en faire une priorité. Ce manque de maturité peut être imputé à l’absence d’outils universels dont les entreprises ont plus que jamais besoin.

Par ailleurs, le fait que les feuilles de route précises et documentées continuent à faire figure d’exception illustre cette inertie. Les entreprises préfèrent-elles attendre les directives de la CSRD, prévues pour 2024, ou ne souhaitent-elles tout simplement pas détailler leur stratégie de peur de prêter le flanc aux critiques ? Alors que l’on aurait effectivement pu s’attendre à ce que les DPEF 2021 fassent état de trajectoires et plans d’actions plus concrets que par le passé, cela n’a pas vraiment été le cas.

En 2021, les entreprises se sont surtout concentrées sur la taxinomie

Depuis 2021, la réglementation impose aux entreprises de préciser dans leurs DPEF leur part d'activités vertes telles que définies par la taxinomie européenne. Cet exercice de rapprochement entre les business models et la classification des activités établies par l’Union européenne a révélé des résultats parfois étonnants laissant supposer que les demandes de la Commission européenne, pourtant extrêmement détaillées, ont pu laisser la porte ouverte à différentes interprétations… et donner davantage de fil à retordre à certains secteurs d’activité.

S’il a semblé facile pour des secteurs tels que l’automobile, l’immobilier, l’industrie ou la distribution de déterminer leur part d’activités éligibles à la taxinomie, cela n’a pas été le cas pour toutes les industries. En témoigne l’hétérogénéité des mappings réalisés par les acteurs des secteurs de l’énergie, des services et des médias. Les écarts-types observés peuvent être liés à des divergences d’interprétation des textes règlementaires, divergences qui devraient s’atténuer avec le temps tant les enjeux d’homogénéité et de comparabilité sont devenus prégnants. C’est pourquoi inciter les entreprises d’un même secteur d’activité à s’accorder sur des référentiels communs constitue aujourd’hui un défi prioritaire. Ils peuvent également trouver leur origine dans les business models eux-mêmes et induisent des changements profonds de paradigme.

Un nouvel environnement règlementaire complexe pour toutes les entreprises

Au vu de l’ampleur des transformations, il semble que les entreprises souhaitent voir se préciser les modalités de la CSRD avant d’engager de grandes et profondes mutations. C’est notamment pour cette raison que l’EFRAG, en charge de l’édiction de ces normes règlementaires, a publié et soumis à consultation courant mai 2022 les premiers projets de normes extra-financières qui préfigurent la transition vers des formes plus précises de reporting extra-financier afin d’orienter les stratégies des entreprises. Néanmoins, ce n’est qu’à partir de l’année prochaine qu’il sera possible d’en évaluer l’impact sur les DPEF.

A l’aube de la très attendue standardisation des données extra-financières, ce premier pas dans l’univers de la taxinomie illustre parfaitement la complexité de ce tout nouvel environnement réglementaire difficile à appréhender, y compris pour les grandes entreprises. Les organisations n’ont aujourd’hui d’autre choix que de muscler leurs stratégies, feuilles de route et pratiques de reporting : pour satisfaire aux attentes de leurs parties prenantes et investisseurs, bien sûr, mais aussi pour participer autant que faire se peut à la transformation durable du monde qui les entoure.

Toutes les informations contenues dans cet article sont issues du « Baromètre des pratiques et tendances en matière de reporting extra-financier » réalisé par Mazars (septembre 2022)

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